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Méthodologie et hypothèses ad hoc

Le falsificationnisme sophistiqué vise à confirmer les conjectures audacieuses (qui sont souvent des prédictions) et à falsifier les conjectures prudentes. Cette méthodologie met en avant la perspective historique de l’activité scientifique : une observation de Neptune au début du 19e siècle est beaucoup plus significative que son observation de nos jours.

De plus, au lieu d’avoir pour objectif une théorie hautement falsifiable, on recherchera plutôt une théorie plus falsifiable que celle qu’elle se propose de remplacer. Le degré de falsifiabilité d’une théorie devient donc relatif, alors qu’il était absolu chez le falsificationniste naïf. Une théorie ne peut être remplacée que par une nouvelle théorie plus falsifiable. Cette méthodologie se base donc sur une falsification ascendante des théories.

L’exigence de la falsification ascendante permet de rejeter les hypothèses ad hoc qui seraient invoquées pour défendre indéfiniment une théorie falsifiée. Une hypothèse ad hoc est une hypothèse ajoutée à la théorie dans le but de la rendre « artificiellement » compatible avec une observation problématique. Il se fait que l’ajout d’une hypothèse ad hoc ne rend pas la théorie plus falsifiable, c’est pourquoi ce genre d’hypothèses n’est pas permis.

Exemple : Soit la théorie « tous les ours sont bruns ». Supposons que l’on ait observé un ours blanc dans une région polaire, ce qui falsifie la théorie. Une modification ad hoc de la théorie serait « tous les ours sont bruns, sauf celui-là qui est blanc ». Cette nouvelle théorie n’est pas plus falsifiable que la précédente, car elle ne formule aucun énoncé falsifiable nouveau, par rapport à la précédente théorie. Autrement dit, un test pour la nouvelle théorie est aussi un test pour l’ancienne théorie. Une telle modification ad hoc est rejetée par le falsificationniste sophistiqué.

Par contre, une prédiction nouvelle n’est pas une modification ad hoc et est donc permise.

Exemple : Au début du 19e siècle, on ne connaissait pas encore la planète Neptune. L’observation d’Uranus a révélé que son mouvement différait de celui prédit par la mécanique newtonienne. L’observation a donc falsifié la théorie. Cette dernière a été modifiée par l’ajout d’une hypothèse selon laquelle il existerait une planète inconnue qui perturberait l’orbite d’Uranus, ce qui expliquerait son mouvement inhabituel. Cette théorie modifiée est plus falsifiable que la précédente, car elle contient un énoncé falsifiable nouveau : « il existe une nouvelle planète dont voici l’orbite présumée ». Neptune est d’ailleurs la première planète dont l’existence a été prédite uniquement par calcul, ce qui a couronné la mécanique newtonienne d’un succès encore plus grand.

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