Flux RSS :
 Articles

26 218 Visites | Version imprimable Version imprimable

image_livre Sommaire de l'article

Critique de l’inductivisme naïf

Critique 1. Logiquement parlant, rien ne garantit la véracité d’une affirmation construite par induction. L’induction n’est pas un raisonnement sûr, contrairement à la déduction.

Exemple : Observer 5000 oiseaux qui volent ne garantit pas que le 5001ème oiseau sera capable de voler. En effet, il suffirait de tomber sur une autruche …

Certains inductivistes pourraient défendre leur conception en affirmant qu’elle a souvent produit de bons résultats. Même en supposant que cela est vrai (ce qui est loin d’être évident), ceci revient à défendre la pertinence de l’induction … par induction. En effet, cet argument peut être schématisé comme suit :

L’induction a fonctionné dans le cas x1.
L’induction a fonctionné dans le cas x2.
L’induction a fonctionné dans le cas x3, etc.

On en tire la loi que « l’induction fonctionne toujours ».

Comme il est absurde de défendre l’induction en faisant appel à elle-même, cet argument n’est pas valable.

Critique 2. Les conditions (1) et (2), bien qu’intuitivement correctes, restent vagues et peu pertinentes. Un exemple simple peut illustrer le caractère flou de la condition (1) :

Exemple : La loi stipulant que « le feu brûle une main humaine » requiert-elle vraiment de mettre sa main au feu de manière répétée ? Si oui, quelle quantité d’énoncés d’observation faut-il récolter avant de pouvoir en tirer une loi ?

Concernant la condition (2) : quelles sont les conditions empiriques à faire varier ? Quels sont les critères permettant de déceler les éléments de l’environnement qui jouent un rôle dans le phénomène étudié ? L’inductivisme naïf ne fournit aucun tel critère.

Exemple : La couleur du pelage des ours est-elle influencée par leur âge, leur sexe, leur taille, le moment de la journée ou leur habitat ? Ou encore, le type de flore environnante, la vitesse des nuages dans le ciel ?

Comme il est impossible de faire varier toutes les conditions possibles et imaginables qui constituent l’environnement de l’observation, on est obligé de sélectionner, d’une manière sensiblement arbitraire, les conditions empiriques que l’on soupçonne comme pertinentes dans le phénomène étudié. Une loi théorique construite de cette façon perd donc son caractère objectif et, du coup, ne peut plus aspirer à être une loi de la nature selon la conception inductiviste.

Critique 3. Une théorie inductiviste, construite uniquement dans le but de rendre compte de phénomènes déjà observés, est peu susceptible de mener à la découverte de phénomènes nouveaux. Or l’histoire de la science regorge d’exemples où des phénomènes nouveaux, jusqu’alors inobservés, ont été prédits par la théorie.

Pages : « 1 2 3 4 »



Réagir à l'article

Trackback URI |