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L’inductivisme sophistiqué

Description

Vu les difficultés rencontrées lorsque l’on souhaite garantir la véracité d’une loi tirée de l’observation, on peut tenter de se rabattre vers l’inductivisme sophistiqué. Selon ce dernier, une théorie ne doit plus nécessairement être construite à partir d’observations objectives. Elle peut partir de l’intuition d’un génie, d’une observation empirique accidentelle (la découverte des rayons X par Roentgen) ou encore par des calculs à partir d’une théorie précédente. L’inductivisme sophistiqué préserve la grande variété des conditions dans lesquelles une théorie apparaît.

Mais une fois la théorie sur le papier, il faut tester son adéquation aux phénomènes naturels : la théorie sera (probablement) vraie si elle est vérifiée a posteriori dans un grand nombre de conditions empiriques différentes.

Méthodologie

La méthodologie de l’inductivisme sophistiqué consiste à rechercher la validation d’une théorie à travers sa vérification expérimentale. L’observation d’un phénomène empirique étant supposée objective, elle devrait pouvoir apporter un jugement impartial et juste. Une bonne théorie est tout simplement une théorie souvent vérifiée expérimentalement.

La science avancerait donc en se basant sur des succès.

Critique de l’inductivisme sophistiqué

Critique 1. Comme pour l’inductivisme naïf, une théorie générale (qui fait référence à une infinité d’événéments) ne peut pas être validée par un nombre fini d’observations singulières. Néanmoins, bien que cette critique soit juste, elle ne reflète pas fidèlement l’histoire de la science : en effet, certaines théories ont été spectaculairement validées à partir de quelques vérifications expérimentales. C’est ce qui se passe lorsque la théorie formule des prédictions nouvelles.

Exemple : La théorie de la relativité générale a formulé d’exceptionnelles prédictions qui ont été vérifiées par l’observation, ce qui a fortement validé la théorie : avance du périhélie de Mercure, déviation des rayons lumineux au voisinage du Soleil, décalage gravitationnel vers le rouge (redshift gravitationnel) ou encore l’existence des trous-noirs. Voilà seulement 4 observations empiriques à succès qui ont pourtant suffi à valider la théorie.

L’inductivisme sophistiqué ne devrait donc pas être impitoyablement refusé au nom de la critique précédente.

Critique 2. Celle-ci est essentielle. Elle consiste à dire que l’observation empirique est faillible, d’une part parce qu’elle dépend en partie des acquis et attentes de l’observateur, et d’autre part parce qu’elle présuppose une théorie (qui est faillible). Ainsi, l’observation perd son objectivité absolue et ne peut pas être un juge impartial, comme le suppose l’inductivisme. [Voir l’article La théorie précède l’expérience.]

 
 
 

Référence :

CHALMERS, Alan F., Qu’est-ce que la science ?, Paris : La Découverte, 1987.

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